Importance et Histoire des Templiers de Bayeux
La présence templière autour de Bayeux, bien que méconnue, est attestée par de nombreuses sources. Son histoire est indissociable de celle d’une famille noble du Bessin (la région de Bayeux) : les Bacon, dits également "Bacon du Molay".
L’origine de la lignée remonte à l’an mille. La famille possède une baronnie, et le fief du Molay (le Molay-Littry).
Guillaume II Bacon du Molay accompagne, vers 1096, Robert Courteheuse, fils aîné de Guillaume de Conquérant, en Terre Sainte, lors de la première croisade.
Il semble que dès cette époque, la famille Bacon du Molay ait eu des contacts avec les chanoines de l’ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem, et probablement avec Godefroy de Bouillon. Or ces chanoines s’entourent, quelques années après leur fondation, de chevaliers laïques menés par Hugues de Payns, soutenu dans cette entreprise par le puissant comte Hugues de Champagne.
Vers 1114 neuf chevaliers adoptèrent, avec les chanoines du Saint Sépulcre, la règle de Saint Augustin et formèrent, en 1119, en se retirant près du Temple de Salomon, le premier ordre Templier, celui des Pauvres Chevaliers du Christ. L’ordre sera plus tard reconnu officiellement lors du Concile de Troyes, en 1129, le 13 janvier.
En Normandie, le petit-fils de Guillaume II Bacon du Molay, Roger III, seigneur du Molay, du Breuil, de Saon, de Saint Contest et de Planquery, fonde très tôt, en 1148 la commanderie templière de Baugy, sur le territoire de la forêt de Balleroy, dont l’origine du nom serait à rapprocher du « Roi Baal ».
Il faut noter qu’une maison de l’ordre, dotée d’une chapelle, semble avoir existé à cet emplacement, avant que la donation officielle ait ratifié cet état de fait.
Nous serions donc en présence de l’une des toutes premières commanderies de l’ordre, puisque celle-ci aurait pour origine les années 1130-1135.
La commanderie est créée par une charte, dont le contenu est bien documenté, puisque nous savons que Roger Bacon du Molay fait don aux Pauvres Chevaliers du Christ du domaine de Baugy, formé de certaines terres allant de Balleroy jusqu’à Planquery.
Ce domaine est accompagné d’autres donations, telles que bois et rivières aux lieux-dits de Rihous et de Baugy, un vivier, une petite île, des droits sur d’autres terres, un moulin, des pâturages ainsi que l’église de Saon et ses revenus. Les vassaux de Roger Bacon en font de même, et à leur mesure.
L’inventaire dressé lors de l’arrestation des Templiers, l’an 1307 nous fait connaître d’autres possessions de la commanderie, acquises le siècle suivant par l’ordre :
Une maison Templière à Bayeux, rue des Chanoines, proche de la porte de la ville, un manoir à Saint-Loup-Hors, dit également Domaine du Temple de Saint-Loup-Hors, enfin, une autre maison à Bayeux avec de nombreux revenus provenant de biens immobiliers situés sur le même secteur.
La branche aînée de la famille Bacon du Molay disparut au XIV ème siècle, par suite du décès sans descendance de Jeanne Bacon, fille de Roger V.
Seule une lignée indirecte, anglaise, subsista en la personne de Richard Bacon, fils de Guillaume III Bacon et d’une fille illégitime de Ranulf le Meschin. Il fut à l’origine de la fondation d’un prieuré dans le Staffordshire, et devint Earl of Chester. Certains prétendent que parmi les rejetons anglais des Bacon on compterait Sir Francis Bacon, chancelier d’Angleterre au temps du roi James Ier, mais la chose reste obscure. Il est curieux, pour finir, de noter que le fief du Molay semblait avoir quelque importance, notamment au regard de plusieurs personnalités anglaises. Il est en effet établi qu’en bordure de l’ancienne forêt de Balleroy (jadis plus étendue qu’elle ne l’est actuellement), non loin du village fort ancien de Noron, dénommé en ce temps Nogrondus, un puissant château avait été érigé. Il s’agissait du château de Bur (Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie), résidence ducale du Roi Henri II Plantagenêt.





